La fuite de Louis XVI et son arrestation à Varennes.

Le roi ne part pas seul! Trois nobles, recrutés par le comte d'Agoult, vont assurer la protection du roi. Il s'agit de François-Florent de Valory, François-Melchior de Moustier et de Jean -François Malden, qui voyagent déguisés en domestiques, et mènent la berline du roi. De plus, un cabriolet suit l'équipage royal : il transporte deux gouvernantes: Madame Brunier et madame de Neuville.
Le roi emmène également une partie de sa famille : sa femme, ses enfants, sa soeur.

De faux papiers:
Les passeports de Louis XVI, Marie-Antoinette d'Autriche, le Dauphin, Marie-Thérèse de France, de madame Elisabeth, de la marquise Louise-Elisabeth de Croÿ de Tourzel donnent de nouvelles identités aux personnages :

Madame Elisabeth : "Rosalie", demoiselle de compagnie.
Louis XVI : M. Durand (intendant de la baronne de Korff).
Marie-Antoinette d'Autriche : Mme Rochet (gouvernante des enfants de Mme de Korff).
Marie-Thérèse de France (Madame Royale) : Fille de Mme de Korff (elle reste habillée en fille).
Le Dauphin : Fille de Mme de Kor ff (il est vêtu en fille).
Louise-Elisabeth de Croy de Tourzel : la baronne de Korff.Madame Elisabeth (soeur du roi)


Départ de Paris - 20 juin 1791
21 heures 45

Axel de Fersen arrête une berline en haut du faubourg Saint-Martin, à l'entrée de la route de Metz. À la même heure, 180 dragons (soldats) envoyés par le marquis de Bouillé viennent cantonner à Clermont-en-Argonne et 40 hussards à Sainte-Ménehould ; ils doivent protéger la route que doit suivre la voiture royale pour se rendre à Montmédy.


22 heures 30
Deux femmes de chambre de Marie-Antoinette, Madame Brunier et Madame Neuville, les premières dames de Madame et du Dauphin, quittent les Tuileries pour Claye-Souilly où elles doivent rejoindre la berline royale.

22 heures 50
Axel de Fersen emmène des Tuileries le dauphin (futur Louis XVII de France), sa sœur, Marie-Thérèse de France et leur gouvernante, Louise Elisabeth de Croÿ de Tourzel.


23 heures 30
Louis XVI et Marie-Antoinette font semblant de se coucher selon le cérémonial habituel. Ils sortent du château chacun de leur côté.


Fuite de la famille royale : 21 juin 1791
Minuit

Louis XVI monte dans une "citadine" (voiture de ville) stationnée près des Tuileries, rue de l'Echelle... Il y retrouve sa sœur Élisabeth de France. Marie-Antoinette les rejoint quelques minutes plus tard. Pour le voyage, la famille royale doit rejoindre une autre berline.


1 heure 50
La famille royale atteint la berline avec une heure et demie de retard sur l'horaire prévu. Marie-Antoinette s'était perdue dans les méandres des rues entourant le Louvre.


2 heures 30
Premier relais à Bondy : Axel de Fersen qui avait accompagné la famille royale la quitte.


4 heures
Un cabriolet avec les deux femmes de chambre rejoint la berline royale à Claye-Souilly.


7 heures
Le valet de chambre s'aperçoit que Louis XVI n'est pas dans sa chambre aux Tuileries. Le comte de Provence (futur Louis XVIII de France) quitte Paris au petit matin avec son ami d'Avaray, et arrive sans la moindre difficulté par Maubeuge et Avesnes, à Mons, en Belgique. De là, il gagne Marche où il apprend l'arrestation de son frère Louis XVI.


8 heures
La nouvelle du départ de Louis XVI se répand dans Paris. L'Assemblée constituante, après avoir hésité entre la fuite ou l'enlèvement, déclare qu'il a été "enlevé" par des contre-révolutionnaires. Pourtant, elle sait que c'est faux : le ministre de la justice, Duport du Tertre, se présente avec un manifeste laissé par le roi pour expliquer sa fuite. Le roi dénonce "l'anarchie" qui règne en France, la constitution qui ne lui laisse que "le vain simulacre de la royauté".


10 heures
60 hussards arrivent à Varennes-en-Argonne.


11 heures
Les voitures royales s'arrêtent à Montmirail. Elles ont trois heures de retard sur l'horaire prévu. À Paris, La Fayette envoie des courriers dans toutes les directions pour arrêter la famille royale. À Sainte-Ménéhould et Clermont-en-Argonne, la population s'inquiète de l'arrivée des cavaliers, la garde nationale prend les armes.

16 heures
La berline royale arrive à Châlons-sur-Marne avec quatre heures de retard. Elle doit atteindre Pont de Somme-Vesle où des soldats doivent escorter le roi. Mais les cavaliers détachés à Pont de Somme-Vesle, fatigués d'attendre le passage de la voiture royale et menacés par les paysans, reçoivent l'ordre de leur jeune chef, le duc de Choiseul, de se replier à travers champs et de gagner Varennes en Argonne en évitant les routes.


20 heures
La berline royale s'arrête devant le relais de Sainte-Menehould. Le maître de poste, Jean-Baptiste Drouet, qui a séjourné à Versailles, et qui, selon la légende, compare le visage du "valet de chambre" à l'effigie royale d'un écu, reconnaît le roi, mais ne réagit pas. Il ne se lance à la poursuite de la berline royale que lorsque les courriers de La Fayette annoncent la fuite de Louis XVI.


20 heures 10
La voiture quitte le relais en direction de Clermont en Argonne (Meuse) où les attend un détachement de dragons commandé par le colonel Damas...


21 heures
Jean-Baptiste Drouet et son ami Guillaume montent à cheval. Le premier des deux pique sur Clermont, le second coupe par la forêt d'Argonne au village des Islettes pour se diriger vers Varennes en Argonne , où ils pensent que se dirigent les voitures royales. À Sainte-Ménéhould, les dragons sont désarmés sans résistance par la population.


22 heures 50
La berline royale s'arrête à l'entrée de Varennes pendant qu'un postillon cherche le relais. Les voyageurs sont étonnés de ne trouver aucun des cavaliers qui devaient les escorter. Ils frappent à la maison de monsieur de Préfontaines qui dit tout ignorer d'un relais... En effet, ne voyant rien venir, le relais a été déplacé dans la ville basse, de l'autre coté du pont enjambant la rivière l'Aire.


22 heures 55
Jean-Baptiste Drouet et Guillaume arrivent à Varennes, passent devant la berline à l'arrêt, et avertissent le procureur-syndic, l'épicier Jean-Baptiste Sauce, que les voitures de la famille royale en fuite sont arrêtées en haut de la ville. Ils décident de barricader le pont de l'Aire, passage obligé. La garde nationale de Varennes se mobilise et son commandant, le futur général Radet fait mettre deux canons en batterie près du pont.


23 heures 10
Les deux voitures de la famille royale sont immobilisées bien avant la barricade, sous la voûte de l'église Saint-Gégoult qui enjambe la rue. Jean-Baptiste Sauce, sous la pression des "patriotes" qui se trouvaient à l'estaminet "du Bras d'or", oblige les voyageurs à descendre et les fait entrer dans sa maison qui est à quelques pas. Le tocsin sonne, la garde nationale est mise en alerte.

La Nuit à Varennes
00h30 - 22 juin 1791

Le juge Destez qui a vécu assez longtemps à Versailles reconnaît formellement le roi. Les hussards, qui n'ont pas été rassemblés par leurs officiers (dont le lieutenant Bouillé, fils du marquis de Bouillé), pactisent avec la foule. Le chirurgien Mangin monte à cheval pour porter la nouvelle à Paris. Le tocsin sonne et de plus en plus de paysans, de gardes nationaux arrivent à Varennes.


7 heures 45
Les "patriotes" de Varennes, avec les envoyés de l'Assemblée législative, Bayon et Romeuf, officiers de la Garde Nationale de Paris, décident de renvoyer la famille royale à Paris. Alertée par le tocsin qui sonne partout, une foule énorme vient border la route, suivie par le cortège des "prisonniers", encadré par la Garde Nationale varennoise et les dragons ralliés aux "patriotes".